Alors que l’échéance de la CEDEAO pour un embargo total contre le Mali, ce 23 septembre 2020, est imminente, les nouveaux maitres du pays gardent toujours le suspense quant au choix du Président et du Premier ministre qui dirigeront la Transition. Hier encore dans la journée, si des échos sur des rencontres entre le CNSP et le M5-RFP ont circulé, aucune précision sur les membres du collège de désignation n’était disponible. Plus d’un mois après la chute du régime du Président IBK, le 18 août 2020, le navire Mali est toujours dans les vagues d’un océan très mouvementé.
Décidément, les Maliens doivent encore prendre leur mal en patience. La chute du régime du Président IBK réclamée par un mouvement populaire de Maliens n’ouvre toujours pas de perspectives prometteuses. L’insécurité règne toujours dans les villes et les campagnes, les militaires peinent à mettre en place un gouvernement capable de faire face aux préoccupations des Maliens ; alors que les partenaires du Mali sont toujours dans le doute et l’hésitation. Au lieu d’être la solution, le CNSP, arrivé en sauveur, pour avoir ‘’parachevé’’ l’œuvre des populations civiles regroupées au sein du M5, est de plus en plus perçu comme le blocage et fait même partie du problème et non donc de la solution.
‘’Comme des conquistadors parachutés hors de leur Kati la rebelle et fatigués de supporter leurs misères quotidiennes, capitaines et colonels de la soldatesque katoise, comme ivres d’un rêve héroïque et brutal, firent main basse sur le palais royal sous les regards médusés d’une foule qui scandait : “ôtez-vous de là qu’on y pénètre”. On était le 18 août 2020 à Bamako sous un ciel clément. La suite des événements est connue. La scène aussi surréaliste fut-elle n’était pour autant pas inimaginable dans un contexte où, sous les assauts répétés des manifestations populaires menées par le M5-RFP, le pouvoir, maintes fois, montra qu’il était bien aux abois et attendait infailliblement l’estocade. Qui lui sera finalement portée, non contre toute attente, mais avec une telle “élégance” qui désarçonna plus d’un’’, décrit la situation socio-politique, un internaute.
Venus donc, ‘’parachever’’ une campagne de changement à laquelle ils n’étaient pas préparés, les jeunes bidasses ne pouvaient que mélanger les pas sous la musique et risquent fort de s’achever eux-mêmes après nous avoir achevé de ridicule et de honte.
Voilà le bourbier dans lequel le Mali se trouve désormais. Tous les yeux sont rivés sur Kati où tout se joue désormais, mais où la rareté de nouvelles en rajoute à l’inquiétude des Maliens.
Le message des chefs d’État de la CEDEAO, ce 15 septembre, semble tomber dans l’oreille d’un sourd. En tout cas, les chefs d’État de la CEDEAO ont été on ne peut plus clairs : La CEDEAO a renouvelé encore sa requête de voir la Transition dirigée par des civils. Elle note que ‘’le vice-président ne pourra pas remplacer le président de la transition en cas d’absence de celui-ci’’, selon l’organisation régionale.
Depuis, c’est toujours le statu quo, pas de gouvernement. Les militaires seraient-ils dans la logique de garder le pouvoir, en violation des règles communautaires et même de l’évolution du monde moderne ?
Si l’heure n’est pas à la confrontation entre les fils de ce Mali post-IBK plus que jamais divisé, le surplace dans lequel il se trouve ne plaide pas en faveur d’une paix durable. La balle, comme dirait l’autre, est dans le camp des nouvelles autorités. À elles de savoir tirer dans la bonne direction. Tout le monde y a à gagner et le plus tôt serait le mieux.
Par Sidi DAO
Source : INFO-MATIN